Cultiver pour protester
- Bérénice Gits
- 10 sept.
- 2 min de lecture
S'il y a bien un endroit lors de mon périple où je pensais avoir du mal à visiter une ferme, c'est à Hong Kong, cette presque île aux immeubles autant compressés que colorés. Et pourtant, il m'a suffi d'un bref échange avec Zéro food Print Asia, une association qui accompagne des agriculteurs dans leur transition vers une agriculture régénérative, pour me retrouver dans un champ.

Nick, la personne en charge du programme de l'association, m'a donné rendez-vous à l'extérieur d'une station de métro au Nord de l'île. Il m'explique qu'au moins une fois par mois, il se déplace dans les fermes qui suivent le programme pour prendre de leurs nouvelles, voir leurs avancements et s'ils ont d'éventuels besoins. Celle-ci, est la plus facile d'accès. On grimpe dans un taxi pour une dizaine de minutes, on marche quelques mètres, et nous voilà submergés de vert, avec une lignée de montagnes en fond.
Chung, le propriétaire de la ferme, est en plein travail lorsque l'on arrive. Il y a également l'une de ses employées, qui répand du fertilisant naturel sur les plants. C'est une recette réalisée à partir de riz, de quinoa, et d'autres végétaux étonnants. Il laisse le tout fermenter dans des barils et puis le dilue avant d'appliquer. Chung nous invite à faire le tour de sa ferme, dans laquelle il fait beaucoup de tests techniques. Les parcelles sont recouvertes de drapés ajourés pour éviter les insectes d'y pénétrer. À travers je peux y apercevoir du maïs, des carottes, et d'autres légumes feuillus. Chung est le pro des expérimentations. Il y a par exemple cette butte de terre, où sont plantés des brocolis, et sur laquelle il déverse directement son compost, non macéré. On y voit des dizaines et des dizaines de pelures de fruits de la passion. À nos regards surpris, il nous lance en riant "la butte sera bientôt si haute, que l'on aura même plus besoin de se baisser pour récolter les produits !".
Quand j'en viens à lui demander pourquoi il s'est lancé en tant que fermier, Chung a une réponse des plus surprenante. Il y a 14 ans, il se rendait dans le quartier pour manifester contre des constructions qui menaçaient les villages voisins. Pour la première fois, alors qu'il habite ici depuis un moment, il voit des fermes à Hong Kong. La connexion est instantanée dans ses pensées : et si, occuper les terres, en faisant pousser les légumes, était l'une de meilleure manière de prendre le contre-pied et de s'imposer ? Peu de temps après, il ouvrit sa ferme en suivant les principes de la permaculture. Car après tout, produire sa nourriture, n'est-il pas un acte d'activisme en soit ?



















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