Andhra Pradesh, un état en transition vers l'agriculture naturelle
- Bérénice Gits
- 10 sept.
- 3 min de lecture
Pendant cette odyssée du bien manger, la plupart des initiatives que j'ai rencontré étaient portées par des personnes qui, a un moment dans leur vie, ont voulu changer de trajectoire pour aligner leur quotidien et leurs pratiques avec leurs valeurs. En quelque sorte, des personnes qui avait "assez" pour se permettre d'aller vers une vie souvent plus sobre. Le projet visité à Andhra Pradesh est d'une toute autre nature.
UN PROJET D'ENVERGURE
Etat connu et reconnu pour sa production de piment (mon estomac en a subi les conséquences pendant 10 jours) Andhra Pradesh est également l'un des premiers état d'Inde à initier une transition vers l'agriculture naturelle, engageant, sous l'impulsion du gouvernement et depuis vingt ans, plus de 5000 fermiers et 300 villages.
Avant d'y arriver, je n'avais pas conscience de l'ampleur du projet ni de sa principale volonté : ici, on apprend à planter des légumes pour une raison des plus primaire : sortir d'une précarité marquée et avoir la possibilité de varier son alimentation pour être en bonne santé. Pour que cela fonctionne, Monica, notre guide pour les premiers jours nous l'explique très clairement : ce sont des démarches menées pour et par la communauté.
Dès notre premier jour sur le terrain, nous sommes accueillies par une dizaine de personne qui nous suivent au fil des jours. Si l'on pensait au départ qu'il s'agissait pour la plupart de curieux venus se faire prendre en photo à nos côtés avec une botte de carottes dans les mains (pratiques des plus courantes durant notre séjour), on s'est vite rendu compte que chacun était impliqué à sa manière dans ce projet alimentaire.
Nos visites ont débuté par les fermiers. Après un second petit déjeuner des plus copieux, nous sommes descendus dans le premier champ, bien différent de ce que l'on imaginait. La parcelle de petite taille offrait aubergines, poivrons, okra et haricots ; les légumes que l'on a le plus retrouvé au cours de nos différentes visites. Leur système "360" leur permet de récolter différentes variétés tout au long de l'année, et ainsi, de garantir un revenu. Si ce fermier vendait aux habitants des alentours, d'autre parcelles étaient des jardins partagés ; des potagers pour les écoles ; ou bien dédiés à certaines familles. Cumulés, le territoire est maillé de petite fermes, une sorte d'écosystème de garde manger, qui offre une dose de fibre quotidienne aux habitants.
UN ÉCOSYSTÈME DE SOLUTIONS
Dans les personnes que nous avons rencontré, il y avait aussi des étudiants, formés aux principes d'agriculture naturelle, qui intégraient la communauté pour plusieurs mois afin d'initier les fermiers. Nous avons ainsi pu assister à plusieurs démonstrations de fabrication d'engrais naturels à base d'urine de vache et de citron ou bien de protection des graines permettant une meilleure germination. Si pour une quelconque contrainte le fermier ne pouvait réaliser lui même ses engrais, une personne du village en vendait dans son magasin. Informations, produits, témoignages, entraide ; tous les éléments étaient mis à disposition pour simplifier la transition.
Mais ce qui m'a le plus marqué dans cette immersion, c'est l'importance des rôles models et l'énergie dédiée à sensibiliser et convaincre les populations. Cours de cuisine saine, démonstration de réalisation d'engrais, comparaison entre des produits d'agriculture naturelle et conventionnelle, court et témoignage d'agriculteurs reconvertis : coûte que coûte, ces personnes incarnent les valeurs du projet, et permettent aux populations et aux agriculteur de se créer de nouveaux imaginaires mettant au centre, une agriculture naturelle et une alimentation plus saine.



































Commentaires